Francis Jammes
1868 - 1938
Le sommet de la route et l'ombre de la croix
« Que faut-il pour guérir? Mon Dieu, le savez-vous? Souvenez-vous, mon Dieu, que je portais du houx lorsque j'étais enfant auprès de votre crèche où ma mère arrageait doucement les bobèches. Ne pouvez-vous me rendre un peu ce que j'ai fait et, si vous croyez que ça peut guérir mon cœur malade, ne pouvez-vous, mon Dieu, me donner une étoile, puisque j'en ai besoin pour la mettre ce soir sur mon cœur qui est froid, qui est vide et qui est noir? »
— Francis Jammes, Le sommet de la route et l'ombre de la croix, éd. Poésie Gallimard, p. 62
« Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je vous vienne. Faites que dans la paix, des anges nous conduisent vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises lisses comme la chair qui rit des jeunes filles, et faites que, penché dans ce séjour des âmes, sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes qui mireront leur humble et douce pauvreté à la limpidité de l'amour éternel. »
— Francis Jammes, Le sommet de la route et l'ombre de la croix, éd. Poésie Gallimard, p. 64
« Faites qu'en me levant, ce matin, de ma table, je sois pareil à ceux qui, par ce beau Dimanche, vont répandre à vos pieds dans l'humble église blanche l'aveu modeste et pur de leur simple ignorance. »
— Francis Jammes, Le sommet de la route et l'ombre de la croix, éd. Poésie Gallimard, p. 65